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Solstice, Bivouac en appui sur l’Hiver

Tandis que la guirlande de réveillons s’apprête à ceinturer difficilement notre fin d’année, le Solstice d’hiver -Ancêtre immémoriel de ces rassemblements festifs- sort de sa nuit, dans un silence épais. Aujourd’hui clandestine -trop vieille pour être contemplée- cette nuit érige pourtant une architecture folle: comme la plus longue et la plus interminable de l’année. Peuplée par les froids, autrefois redoutée et ridée de cauchemars, elle agitait alors les esprits qui se consumaient en même temps qu’on allumait des bougies. Minuscules points de résistance face à la Nuit. Un rassemblement s’organisait contre le trépas et la ténacité du Noir: face à une nuit immobile, prêts à surgir des ténèbres, des hommes et des femmes se trouvaient là, à veiller l’enfance perdue de la Terre. Aujourd’hui, son visage s’est effacé sous les traits d’une chronologie folle et floue, Blasonnante de fêtes de fin d’années. Posés en équilibre sur un calendrier agité, nos nouveaux rites d’abondance et de lumière ne savent plus où donner de la tête. Notre Solstice -Nuit imperturbable, toute tournée vers l’Est- tient son cap et son port de tête superbe dans un mouvement de rotation immuable… C’est le moment que je choisis pour bivouaquer quelque part, depuis une poche de la Falaise calcaire (Occitanie mon amour) qui abrite tant de lieux secrets: baumes, grottes aériennes, creux et replis, entre le finistère des Causses et la couverture de l’horizon. Saga infernale pour les insomniaques, cette Nuit tire son Génie des paraboles qu’elle offre à chacun de se réinventer, du renouveau qu’elle inspire à s’extraire d’un sommeil métaphorique ou d’une mort symbolique. La Lumière signe son retour. Elle rempile encore pour cette fois. Depuis l’Occitanie, j’entends presque le soulagement Des Alignements, mes guerriers de Carnac, le corps transi par le froid, l’espoir plongé vers le couchant, à constater qu’il est revenu… Le soleil, au point d’acmé de l’année, est revenu du pire. De l’attrape-rêve de nos âmes perturbées, il chasse les terreurs de l’hiver. Cette toile poétique, en plein soleil, peut continuer à tisser un nouveau récit, celui d’une pensée sauvage, éternelle, impertinente, impermanente... Puisse-t-elle avoir l’audace de bousculer nos habitudes. De revisiter, en chacun de nous, la trajectoire de nos réflexes et faire de nos fins d’année (plutôt qu’un moment de consommation) une étreinte superbe de contemplation. Marianne_