Je suis tombée dans la marmite des herbes folles sur le tard.
Ni une héritière, ni une biologiste : je me suis faufilée dans ce Monument par une trappe dérobée; comme le souffleur au théâtre !
Je n’avais pas de druide dans ma famille, ni aucune mamie sorcière pour me transmettre cette science sauvage ! Pourtant, j’avais le mordant d’être là ! Au dehors, en plein vent, ou plongée dans les vitamines vertes du bivouac. Devant le plus beau théâtre du monde -la Nature!- j’avais enfin une promesse de traque poétique… Absolue.
J’ai commencé à regarder à mes pieds, ouvrir des livres, faire des stages, étudier… Au départ tout conspirait contre moi, dans un langage visuel incompréhensible. S’il faut un peu de temps à l’oeil pour faire confiance à la silhouette d’une herbe folle, la satisfaction à la cueillir, et cuisiner ses trésors est inestimable -une fois qu’on l’a correctement identifiée. Comme à la croisée des chemins, le sauvage raconte la beauté du vivant, la cueillette celui du geste. Ces escapades nature sont un moyen superbe de réapprendre de son terrain : ce qui pousse sur le même sol que nous, ne peut résolument pas nous rester étranger ! Et le plus enthousiasmant, c’est l’horizon dérobé : cette aventure ne sera jamais finie; le vivant est bien trop complexe et bien trop vaste pour être compris. En attendant, je poursuis mes formations, les plantes sauvages me racontent des Odyssées et mes cueillettes, tracent dans mon existence, une certaine ligne poétique !